L'I.A. au service de la création… vraiment ?

L’intelligence artificielle n’est-elle rien d’autre qu’un nouvel outil entre les mains des artistes et des créateurs, ou va-t-elle plus loin que ça et impacte-t-elle jusqu’au rôle de l’artiste dans la société ?

François Houste, le 18 avril 2025

L’intelligence artificielle n’est-elle rien d’autre qu’un nouvel outil entre les mains des artistes et des créateurs, ou va-t-elle plus loin que ça et impacte-t-elle jusqu’au rôle de l’artiste dans la société ? Les témoignages des principaux intéressés – les artistes et créateurs eux-mêmes – divergent selon leur discipline, leur statut et leur notoriété. Toutefois, une plongée dans l’histoire des controverses liées à d’autres outils artistiques – comme la photographie ou le sampling – et la récente controverse liée à l’exploitation de l’imaginaire des studios Ghibli aide à y voir plus clair : l’intelligence artificielle n’est sans doute pas du côté des créateurs.

Dans leur numéro d’avril 2025, Les Inrockuptibles consacraient un dossier complet à l’intelligence artificielle et à la révolution que celle-ci a provoquée 1. Derrière son sous-titre Une amie qui vous veut du bien ?, vous ne trouverez ni grandes révélations, ni véritable analyse de fond de la part du mensuel. La valeur du dossier tient surtout par les témoignages que la rédaction y a rassemblés : une douzaine de pages d’interviews d’artistes issus des mondes de la littérature, de la musique, du spectacle… et posant la question de leurs usages, de leurs rêves et de leurs craintes face à la machine I.A. Des témoignages divers, souvent enthousiastes et parfois teintés d’inquiétudes.

« Une sorte de muse 3.0 »

Jean-Michel Jarre y avoue que l’I.A. est, selon lui, « une sorte de muse 3.0 élargissant les frontières de son inspiration. 2 », Étienne de Crécy l’utilise « pour maquetter, comme sur [son] nouvel album. 3 », le styliste Jean-Charles de Castelbajac l’utilise au quotidien et « lui pose des questions basiques et pratiques sur un sujet ou des recherches historiques. », la considérant comme « un très bon assistant, bien qu’il manque parfois d’imagination. 4 » et, dernier exemple, le dessinateur Lewis Trondheim l’utilise pour « [ses] courriers administratifs. » et également pour « lui résumer ses albums en cours et lui [en] demander la fin. 5 », confrontant ainsi ces propres idées afin d’éviter une chute trop… artificielle.

Qu’elle soit utilisée à des fins créatives ou simplement pour les tâches rébarbatives du quotidien, l’intelligence artificielle est vécue par la plupart des artistes l’utilisant comme un simple outil. C’est le musicien Bertrand Burgalat qui résume le mieux cet état d’esprit, revenant aux origines mêmes de l’incursion de la technologie dans le monde de la musique :

Les séquenceurs sont dans les cabines de studio depuis cinquante ans, les automations de consoles depuis quarante-cinq ans, les échantillonneurs aussi, ce qu’on appelle l’I.A. n’est pas nouveau pour nous, ça prolonge les liens entre la musique et le langage binaire et ça peut avoir des utilités ergonomiques, mais les questions que je me pose quand je fais de la musique ne sont pas de cet ordre : l’important est de savoir ce que je veux exprimer, ce qui peut servir la narration ou le film quand je travaille sur commande. Le reste, la technique, etc., c’est une contrainte, mais ce n’est pas ce qui compte. 6

Déjà en 1978, le rocker britannique Steve Hackett remerciait dans les crédits de son album Please don’t Touch « Necam – L’ordinateur / Mixage assisté par ordinateur, fabriqué par Neve à Royston 7 ». Cette vision utilitariste de l’intelligence artificielle n’est finalement pas si récente et fait écho à d’autres débats en d’autres temps.

La photographie du XXIe siècle ?

Ainsi, au XIXe siècle, l’apparition de la photographie pose une question similaire : l’utilisation d’un outil mécanique de reproduction de la réalité permet-elle à son opérateur de se revendiquer comme un réel artiste ?

Le débat peut sembler lointain, mais ses échos sont encore réels. La chercheuse américaine Megan Ward évoque ainsi les parallèles entre l’intelligence artificielle et le réalisme victorien dans plusieurs articles, et brosse un portrait de l’image du photographe dans l’imaginaire victorien :

La figure singulière et humaine du peintre figurait souvent sous des traits positifs dans les romans, tandis que la photographie, une forme d'art bien plus récente et mécanique, était souvent invoquée comme preuve de réalisme, et de manque d’imagination. 8

Reproduire strictement la réalité, est-ce encore de la création ? Les canons de la critique victorienne ne se posent pas réellement la question : le photographe est pour eux un artisan et le peintre un artiste. Le photographe, même s’il fait poser ses modèles, n’a pas d’intention, d’imagination, d’origination et n’ajoute rien à sa copie du réel. Là où le peintre interprète par le geste, la couleur, la texture et la matière, la scène qui est présente face à lui.

Pourtant, la photographie a profondément changé l’art : « Après tout, l’invention de la photographie au XIXe siècle n’avait pas signé l’arrêt de mort de la peinture, et l’avait même poussée à se réinventer, par exemple à travers l’abstraction. 9 » explique Jean-Marie Durand, dans les Inrockuptibles. L’histoire est en réalité un peu plus complexe que cela, art photographique et peinture s’étant hybridés et mêlés à maintes reprises : une plongée dans l’histoire de l’art moderne et du surréalisme 10, ou dans les œuvres d’un artiste-photographe visionnaire comme Man Ray fournissent un aperçu de cette hybridation et de cette incursion de la mécanique dans le monde de la création.

L’art, c’est vrai, se nourrit également de technologie. De là à dire que l’Intelligence artificielle est une chance pour les créateurs, il n’y a qu’un pas… que le secteur de la production audiovisuelle et publicitaire franchit parfois assez légèrement.

« Quand des créatifs s’amusent… »

Pour le domaine de la publicité – production plus commerciale qu’artistique – l’I.A. ne serait qu’un outil au service de la créativité. C’est en tout cas le discours que tiennent encore bon nombre des acteurs de ces industries créatives depuis la généralisation des I.A. génératives fin 2022.

Les illustrations de cette opinion tombent à foison. Ainsi, Pierre Raoul, VP Converged and AI Solutions chez Havas en France, estime-lui que « L'I.A. doit être vue comme un complément qui enrichit le processus créatif, sans jamais le supplanter. » Il fait même, travers publicitaire oblige, de cette ambition un slogan : Be better with AI and better than AI 11.

Dans une interview donnée au magazine Stratégies en mars 2025, Jill Kramer, directrice marketing et communication chez Accenture vante, elle, les mérites de l’intelligence artificielle pour les équipes créatives elles-mêmes : « Nos équipes créatives utilisent déjà l’I.A. pour expérimenter de nouvelles idées, et d’après ce que j’ai pu observer, elles prennent beaucoup de plaisir à explorer ces nouvelles possibilités. Quand des créatifs s’amusent avec une nouvelle technologie, cela donne souvent d’excellents résultats. 12 » Plus qu’un outil, l’intelligence artificielle devient un jeu, sans enjeu particulier si ce n’est la stimulation de la créativité.

Jill Kramer va plus loin, faisant, au détour d’une question, de l’intelligence artificielle un membre à part entière des équipes créatives. La question est bien entendu orientée et l’on sent que les journalistes en charge de l’entretien, cherchent la petite phrase :

Stratégies : Pensez-vous que les agents I.A. doivent être gérés comme des employés ?

Jill Kramer : Oui, en quelque sorte. L’I.A. ne doit pas être vue comme un simple outil technologique, mais comme un membre à part entière de l’organisation, qui doit être accompagné, formé et évalué comme un collaborateur.
Lorsqu’on réfléchit au travail, il faut le considérer dans sa globalité : les tâches à accomplir, les personnes qui réalisent ces tâches, les outils utilisés pour faciliter le travail. Le travail marketing, par exemple, n’est pas uniquement réalisé par nos marketeurs. Il repose aussi sur des agences externes, des freelances, des équipes de production, et maintenant sur des agents I.A. L’important est de considérer tous ces éléments comme un écosystème de ressources que l’on doit organiser pour atteindre les meilleurs résultats. 13

La réponse n’en est pas moins édifiante : elle met freelances et agent I.A. au même niveau et renforce la confusion quant au rôle de l’informatique dans la création. Une question qui remonte au XIXe siècle et que les réinterprétations n’ont cessé d’embrouiller.

Où se cache l’intelligence ?

Dans le même article cité plus haut 14, Megan Ward revient également sur la question de la capacité de création de l’ordinateur, en évoquant la controverse qui opposa l’un des pères de l’intelligence artificielle, Alan Turing et le mathématicien Douglas Hartree dans les années 1940 15. Une controverse qui repose en grande partie sur une phrase d’Augusta Ada King, Countess of Lovelace (1815 – 1852), pionnière de l’informatique, que les scientifiques anglais redécouvrent alors :

La machine analytique n'a aucune prétention à créer quoi que ce soit. Elle peut exécuter tout ce que nous savons lui ordonner de faire. 16

Autrement dit : la machine n’a aucune prétention à créer quelque chose de nouveau, elle ne peut qu’exécuter les ordres qui lui sont donnés. La pensée d’Ada Lovelace reste théorique et ne s’inquiète nullement du statut des artistes. Elle est toutefois légèrement plus complexe que cette simple phrase, comme le précise Megan Ward :

Quelques phrases après son objection souvent citée, Lovelace poursuit en affirmant que la machine analytique ne peut peut-être pas inventer, mais qu'elle a le pouvoir d'offrir de nouvelles perspectives en combinant les théories de manières inédites. Parce que la machine analytique a le pouvoir de « distribuer et de combiner les vérités et les formules de l'analyse », « les relations et la nature de nombreux sujets de cette science sont alors nécessairement éclairées d’un nouveau jour et peuvent être étudiées plus en profondeur 17 ».

Plutôt qu’un réel débat sur l’intelligence – inventivité, créativité, conscience ou humanité, piochez le mot qui vous convient – de la machine, le texte d’Ada Lovelace pose plutôt la question de la possibilité qu’offre la machine à l’humain de dépasser ses propres capacités. La machine ne pense ni n’invente par elle-même, mais par ses capacités poussées de calcul rend possible l’exploration de nouveaux territoires scientifiques, et pourquoi pas créatifs. L’argumentaire sera débattu par Hartree et Turing. Le premier soutenant qu’une machine – aussi évoluée soit-elle – ne peux finalement qu’exécuter les ordres fournis par des humains. Le second versant volontiers dans l’utopie de la machine pensante et dépassant les capacités humaines, idée sur laquelle il basera son fameux test 18.

Faire de l’intelligence artificielle un être intelligent, voire un membre à part entière de son équipe créative, semble finalement un traitement assez… inhumain pour les artistes qui la composent.

Un manque certain d’âme

Sur le plan purement artistique, certains des interviewés des Inrockuptibles, évoquent un manque d’âme et d’humanité de la part de l’intelligence artificielle générative. Ainsi, le musicien britannique Damon Albarn avoue non pas un manque d’intérêt ou de questionnement face à l’I.A., mais plutôt un manque de pratique mâtiné d’inquiétude :

Question : Que faites-vous aujourd'hui avec l'I.A. ?

Réponse : Rien, je n'ai aucun réseau social ni téléphone. Je ne peux pas faire ce genre de choses. Cela manque d'âme. Surtout à l'échelle universelle. Je pense que nous avançons vers quelque chose de très différent de ce que nous imaginons. Cette une étrange alchimie. Fascinante et terrifiante.
Je suis terrifié d'un certain côté, car c'est un fac-similé proche de la perfection, et pourtant, l'I.A. n'a aucune âme. 19

« Un fac-similé ». Le terme n’est pas sans rappeler la façon dont, en janvier 2023, le chanteur australien Nick Cave avait accueilli une création à-sa-façon générée par ChatGPT et partagée par un fan : « ChatGPT est peut-être capable d'écrire un discours, un essai, un sermon ou une nécrologie, mais il ne peut pas créer une chanson authentique. Il pourrait peut-être, avec le temps, créer une chanson apparemment identique à l'original, mais ce ne sera toujours qu'une réplique, une sorte de burlesque. » 20

Difficile également de ne pas repenser, tant elle est réapparue ces dernières semaines, à la réaction de Hayao Miyazaki face aux premières créations réalisées par I.A. qui lui avait été présentées, en 2016 :

Je suis convaincu que c’est une insulte à la vie elle-même. 21

Une insulte, une copie, un burlesque, une pâle imitation… Les intelligences artificielles génératives actuelles, pour évoluées qu’elles soient, rentrent finalement dans la définition de Lovelace et de Hartree : elles n’inventent – originate – rien et leurs images, hallucinations, textes et autres productions ne sont finalement que le résultat "logique" de leur programmation : un résultat statistique probable, sans réelle surprise, et dont l’apparente imprévoyabilité n’est causée que par l’abondance des données qu’elles digèrent plus que par un comportement inattendu ou au développement d’une intelligence similaire à l’intelligence humaine.

L’abondance de productions à-la-façon des Studios Ghibli ces dernières semaines 22, et surtout la facilité à obtenir celles-ci, prouve bien ce manque d’originalité dans les réponses de l’I.A. : elles ne seraient finalement qu’une photocopieuse un peu évoluée. Guère plus qu’un outil. Une métaphore qui serait peut-être juste si les intelligences artificielles génératives n’avaient pas un tel impact sociétal et ne servait pas un modèle économique pour le moins problématique.

L’apparente neutralité de l’I.A.

C’est que l’image revient assez souvent : l’intelligence artificielle est une révolution technologique comme l’a été la vapeur au XIXe siècle et l’électricité au XXe siècle 23. D’où, sans doute, le parallèle avec l’appareil photographique évoqué plus haut : l’I.A. est une technologie qui va révolutionner l’art – la création si l’on englobe une sphère plus commerciale – comme de nombreuses autres technologies l’ont révolutionné auparavant. Le parallèle se fait rapidement avec les ready-made des surréalistes ou avec les expérimentations qu’à fait le Pop Art dans les années 1960 à l’aide de la reprographie, de la télévision ou du cinéma. Après tout, des portraits générés par intelligence artificielle ont déjà été vendus aux enchères en 2018 24. Peut-être comme l’évoquait Bertrand Burgalat, que tout ceci est de la technique 25. L’art se mâtine de technologie depuis si longtemps.

Lors de l’apparition du moteur de création d’images midjourney au printemps 2022, Olivier Auber s’est livré à une expérimentation assez intéressante. Son idée ? Créer la plus grande œuvre d’art de tous les temps 26. Il utilise des prompts – des commandes textuelles destinées à guider les intelligences artificielles génératives – abstraits, sans aucun guide concret quant au résultat qui veut obtenir : « la plus grande œuvre d’art de tous les temps », « la plus folle œuvre d’art de tous les temps » ou encore « l’œuvre d’art la plus cachée de tous les temps ». Il cherche ainsi à révéler ce qu’il nomme l’inconscient de l’intelligence artificielle.

Les images alors obtenues sont un enchevêtrement de plis de chairs, de pénis pendants, de vulves déformées, parfois mêlés, informes, semblables à des tentacules. On pense à David Cronenberg ou à H. P. Lovecraft. On pense également à l’Origine du Monde de Gustave Courbet. On s’interroge surtout sur la façon dont une I.A. générative comme midjourney a pu donner naissance à ce type d’images.

Mais le plus intéressant n’est finalement pas là : assez rapidement, le compte d’Olivier Auber est désactivé par les administrateurs. L’argument soulevé par les équipes de midjourney pour justifier ce bannissement de la plateforme est simplement que… ce type de contenu n’y est pas autorisé :

Olivier Auber — c’est seulement de l’art !
Sam Schickler — Nous avons des limites quant à ce qui est autorisé sur la plateforme désormais. J’ai annulé votre abonnement.
Olivier Auber — Mais comment imaginez-vous que vous allez limiter les gens ? S’ils veulent écrire des prompts comme ceux que j’ai écrit, ils auront ce genre d’image.
Sam Schickler — Nous leur dirons que ce n’est pas autorisé et nous les avertirons/déconnecterons/bannirons.
Olivier Auber — Ok, alors je pense que la plupart des vrais artistes vont partir… 27

Au-delà des questions d’absence de neutralité de l’intelligence artificielle, non-neutralité qui n’est plus à démontrer, la métaphore de l’outil s’arrête donc là : le pinceau ne s’est jamais rebellé contre Gustave Courbet, l’appareil photo de Man Ray ne s’est pas obturé de lui-même devant les corps de Kiki de Montparnasse ou de Lee Miller. L’intelligence artificielle générative, à partir du moment où elle est modérée, gouvernée, cesse d’être un outil.

Imiter, à l’échelle industrielle

Mais la modération n’est qu’en partie ce qui fait de l’I.A. générative autre chose qu’un outil. Son impact sur l’industrie créative, sur son économie et surtout sur le droit d’auteur est d’une toute autre ampleur.

Le sujet est soulevé par de nombreux intervenants et analystes depuis longtemps, mais a pris une ampleur plus grande encore depuis mars 2025 et l’envahissement du Net par des images calquées sur la patte graphique de Hayao Miyazaki et des studios Ghibli : annonçant la sortie de son nouveau modèle de production d’images, les équipes d’OpenAI ont lancé une gigantesque vague de production d’images imitées. Les plus grands clichés journalistiques du XXe siècle se sont ainsi vus tournés à la sauce Ghibli, les avatars en mode animes ont fleuri sur les réseaux sociaux… provoquant un tel volume de requêtes, et un tel questionnement de l’opinion sur la violation du droit d’auteur, qu’OpenAI a été contraint de modérer les requêtes formulées par ses utilisateurs. 28

La hype a duré vingt-quatre heures, quarante-huit tout au plus, mais a pleinement servi la politique de communication et de promotion d’OpenAI : preuve est faite, le nouveau modèle génératif est performant et imite très facilement de nombreuses sources, qu’il s’agisse de copier le style de peintres classiques ou de faire ressembler votre avatar professionnel à une marionnette sortie de Sesame Street.

Comment l’entreprise de Sam Altman a-t-elle réalisé une telle prouesse ? Simplement en gavant son algorithme de films et d’images issus de différentes sources, la plupart du temps sans accord de leurs créateurs, propriétaires ou ayant-droit. La méthode semble actée par l’ensemble des géants de la tech depuis les débuts de l’aventure de l’I.A. générative : Meta est ainsi accusé en France d’avoir illégalement entraîné son modèle d’intelligence artificielle sur des bases de livres pourtant soumis au droit d’auteur 29. Le site d’information The Atlantic propose d’ailleurs un moteur de recherche permettant de savoir si un livre précis a servi à cet entraînement 30. Les résultats sont édifiants.

Par l’entraînement rapide de leurs moteurs génératifs sur des bases soumises au copyright, et par la démonstration de puissance qui s’en suit, les entreprises de l’I.A. espèrent bien créer une brèche dans la législation. Prouver que le progrès passe nécessairement par un abandon, au moins partiel, du droit d’auteur : OpenAI et Google militent depuis quelques années déjà, et de plus en plus ouvertement, pour un changement du cadre législatif américain autorisant un fair use – la notion existe bien dans le droit étatsunien – des données sous copyright pour l’apprentissage des I.A. 31

Et donc, la possibilité pour chacun de copier, rapidement, automatiquement, à l’échelle industrielle, n’importe quel type de contenu copyrighté en quelques secondes. Une ambition et un cadre – le fair use – qui rappelle d’autres époques.

Sourcer, Digger, Sampler…

Rien dans cette copie à l’échelle industrielle des œuvres n’est acte de création ou d’intelligence : ChatGPT, midjourney et les autres moteurs génératifs ne sont que des programmes répétant à l’infini l’instruction de copier – statistiquement – les données dont ils ont été nourris. Il s’agit plutôt pour leurs créateurs d’un projet économique d’envergure mené au détriment des industries créatives et des artistes eux-mêmes. Et à défaut d’actions, ce que l’on peut anticiper est une disparition rapide de la notion de droit d'auteur, une dissolution dans une sorte flou technique. Au milieu des autres artistes interviewés par Les Inrockuptibles – et dont certains sont plutôt confiants sur l’avantage qu’offre l’inventivité humaine sur la machine - le cinéaste Thomas Cailley exprime clairement ses doutes :

On assiste à aujourd’hui à un pillage en règle. Il est essentiel et urgent que des règles de transparence soient adoptées quant aux sources d’entraînement des I.A., et que l’opt-out soit un choix pour ceux qui le désirent. 32

C’est que l’architecture actuelle d’Internet et l’emprise des entreprises de l’I.A. sur le trafic Web mondial 33 fait qu’aucune création partagée en ligne n’est protégée : que celle-ci soit mise en ligne par les artistes eux-mêmes – pour les besoins de leur promotion par exemple – ou qu’elle soit partagée par leurs fans sur les réseaux sociaux. On l’a vu, les géants de l’intelligence artificielle se moquent éperdument des droits des créateurs. Quels recours alors pour les artistes dans un monde où leurs créations peuvent-être librement pillées par ces plateformes ?

Un parallèle peut se faire avec la période des années 1980/1990. Le rap et le hip-hop font alors largement usage de techniques de réutilisation des œuvres existantes – d’abord directement depuis des vinyles, puis par l’intermédiaire de samples numérisés –, souvent sans grand souci des droits des artistes recyclés. Il faudra plusieurs menaces de procès, voire plusieurs procès pour que ces usages trouvent un cadre légal : Pump Up the Volume par M/A/R/S/S (1987) fera l’objet d’un arrangement à l’amiable pour l’utilisation d’un sample du morceau RoadBlock, en 1990 Vanilla Ice trouvera un accord à l’amiable après l’utilisation d’un sample du Under Pressure de Queen et David Bowie, sur Ice, Ice, Baby 34. Quelques artistes tentent alors d’invoquer la notion de fair use, mais l’argument ne tient guère face aux chiffres de ventes.

Aujourd’hui, les usages sont légalement établis et le recours de sampling nécessite bien le paiement de droits d’auteurs pour les artistes à l’origine des samples utilisés. Deux cas extrêmes démontrent que l’industrie musicale a bel et bien gagné cette bataille pour le droit d’auteur :

  • L’usage par Daft Punk sur One More Time d’un sample issu d’un obscur 45t disco (More Spell on You d’Eddie Johns) a provoqué des retombés de droits d’auteur pour son créateur original. Des droits estimés entre « 6 et 7 chiffres », séquestrés, car on ignore si ce dernier est vivant ou non. 35

  • La disponibilité sur les plateformes de streaming du premier album du groupe de rap français 113 est, elle, toujours entravée à cause d’un problème de droit lié à l’utilisation des mélodies d’Ahmed Wahby. Et ce, plus de vingt-cinq ans après sa sortie. 36

Et puis, autre affaire : au début des années 2000, la fermeture de la plateforme Napster pour infraction à la législation sur le droit d'auteur démontre bien que face à une violation manifeste de leurs droits, les collectifs artistiques – artistes et maisons de disques – savent s’organiser 37. Il aura fallu moins de deux ans d’actions pour provoquer la fermeture de la plateforme. Moins que le temps qui nous sépare de la première présentation publique de ChatGPT !

La différence est aujourd’hui le poids économique et politique des fraudeurs : on ne parle plus d’artistes isolés ou de développeurs de logiciel indépendants, mais des géants de la tech. Plus difficiles à attaquer.

Submergés

Pourtant, l’intelligence artificielle semble bien partie pour ruiner une industrie entière : ses stars comme ses inconnus. Avec des conséquences diverses bien sûr en fonction du profil de chacun d’eux.

Pour les artistes professionnels, reconnus – tels ceux interrogés par les Inrockuptibles – c’est la submersion qui menace. Si les œuvres inspirées de leurs créations leur restent attribuables – on reconnaît au premier coup d’œil un dessin inspiré de Hayao Miyazaki – et même si une jurisprudence d’interdiction de (re)production apparaissait, la fin de l’exploitation de leur patte par les plateformes resterait une question de modération, du bon vouloir de celles-ci. Le poids économique actuel de l’industrie de l’intelligence artificielle, et les pressions lobbyistes ne permettent pas vraiment d’être optimiste, hors cas flagrants de pillage. Et puis, le contournement des règles de modération reste encore aujourd’hui relativement aisé – obscurité des algorithmes et diminution des équipes de modération obligent – pour qui le veut vraiment. La multiplication des plateformes (OpenAI, midjourney, Dall-e, Gork, etc.) rend d’ailleurs la chasse aux faussaires quasi-impossible.

Certains des acteurs de l’industrie de la création – les plateformes de diffusion notamment – semblent d’ailleurs bien s’accommoder de la présence de l’I.A. Le D.J. et producteur Canblaster le souligne, toujours dans les Inrockuptibles. Sa plus grande crainte quand on lui parle d’I.A. ?

Les actions prises par des plateformes comme Spotify, qui créent de faux artistes avec de fausses musiques, entièrement générées par I.A., sans rien apporter de nouveau en matière de création artistique, et qui prennent la direction de substituer les artistes par les I.A., pour des raisons de profit plutôt que de collaboration. 38

La submersion des artistes par des créations artificielles, issues d’algorithmes, publiées et diffusées à foison par les plateformes semble donc inévitable. Le lancement des premières I.A. génératrices de texte a donné lieu à un raz-de-marée d’œuvres auto-publiées sur Amazon 39. L’industrie musicale semble suivre la même tendance avec la production à l’échelle industrielle de musique artificielles, calquées sur de véritables compositions. Les progrès techniques des modèles génératifs sont tels que nous serons sans doute demain submergés de films produits eux-aussi par des I.A. génératives.

Les artistes les plus installés tireront sans doute leur épingle du jeu, pouvant compter sur un patrimoine artistique toujours accessible et lucratif, et éventuellement sur une protection de leurs droits proportionnelle à leur notoriété et leur potentiel de mauvaise publicité pour les plateformes. Une sorte de jurisprudence Ghibli. Mais quid des artistes émergents et des amateurs ? Il ne semble rester pour ces jeunes créateurs que… la disparition.

La fin du métier d’artiste ?

Le cynisme des industriels de la création, faisant de l’I.A. générative une opportunité ou un membre à part entière des équipes, cache une réalité plus sombre : dans un monde où les robots peuvent digérer et reproduire n’importe quelle création, qui a encore besoin de créations originales, et donc d’artistes ? Si ce n’est les algorithmes eux -mêmes ?

En l’état actuel de la technologie et des usages, les créations des artistes indépendants, leur patte, est facilement assimilée par les algorithmes. Souvent bien avant qu’une quelconque application du droit ne soit envisageable. Si OpenAI n’a aucun état d’âme à créer l’évènement en piratant les créations de Hayao Miyazaki ou de Jim Henson, quels scrupules aurait-il à se sourcer sur les books de millions d’artistes indépendants qui exposent leurs œuvres sur le Web ? Et même si certains prédisent que l’abondance de créations artificielles provoquera un pourrissement de l’I.A. générative – celle-ci digérant sa propre créativité et produisant aberrations créatives sur aberrations créatives –, on peut également imaginer un scénario du pire dans lequel les jeunes créateurs deviennent des travailleurs du clics, payés par ces mêmes plateformes pour les alimenter en créations originales. Nourrir l’algorithme, encore et encore.

Sur les réseaux sociaux, nombreux sont encore les professionnels du numérique et de la communication à s’émerveiller devant les prouesses techniques de l’intelligence artificielle. Mais peu nombreuses sont les voix qui s’interrogent sur l’impact réel de ces mêmes I.A. sur l’industrie créative qu’ils semblent tant aimer, au-delà d’un Je ne cautionne pas bien entendu hypocritement placé en bas d’un post LinkedIn.

Les artistes, eux, s’organisent. On se souvient notamment des manifestations organisées à Hollywood, courant 2023 et 2024, contre la menace que fait peser l’I.A. générative sur le métier de scénariste ou sur l’emploi des figurants 40. Plus récemment, à l’occasion du Sommet pour l'action sur l'Intelligence Artificielle qui s’est tenu à Paris en février 2025, quelques collectifs d’artistes ont signé tribunes et pétitions pour un usage fair de l’intelligence artificielle et un respect du droit d’auteur 41. Des manifestations et des positions qui semblent peser bien peu face aux opérations de braconnage menées par les empires technologiques, et surtout face à la fragmentation, la dissolution, l’abolition du droit d’auteur qui menace.

D’autres métiers de la culture tentent également de s’organiser pour pallier les effets de l’intelligence artificielle sur leur avenir. De nombreux traducteurs se sont ainsi réunis au sein d’un collectif En chair et en os (www.enchairetenos.org) qui alerte sur l’impact de l’I.A. sur le quotidien et la précarité des artistes, et milite pour conserver une approche humaine des métiers de la traduction. Ainsi, Margot Nguyen Béraud, membre du collectif, présentait l’impact de I.A. sur son métier lors d’une journée citoyenne organisée au Conseil Économique, Social et Environnemental en février 2025 : mauvaise qualité des traductions automatique, réduction du rôle des traducteurs à un « toilettage » de ces mauvaises traductions, manque d’intention humaine et artistique de la machine, délais accélérés et rémunérations de 30 à 50% inférieures à la normale. Elle décrit l’ensemble du phénomène comme un « sabotage en règle de nos savoir-faire et une uberisation de nos métiers », avant de conclure son intervention de façon claire :

Pour résumer, l’I.A. appliquée à la traduction : elle nous est parfaitement inutile, elle nous dépossède de notre outil de travail et nous précarise encore plus que ce que nous le sommes déjà. Avec le collectif En chair et en os et bien d’autres organisations d’artistes-auteurices, traduction et hors traduction, nous affirmons très clairement qu’elle n’est en rien un progrès. Elle n’est qu’une automatisation désastreuse des métiers de la culture et de la culture en général. 42

Le constat semble aujourd’hui identique pour l’ensemble des métiers liés à la création artistique. Seuls quelques artistes particulièrement en vue ou technophiles vantent encore publiquement les usages de l’I.A.

Des institutions plutôt absentes du débat

Mais en dehors de ces prises de conscience collectives, bien souvent le fait des artistes et des précaires eux-mêmes, le reste de l’industrie, et surtout les instances publiques, semblent incapables d’une quelconque résistance face à l’emprise technologique.

Le CNC (centre national du cinéma et l’image animée) organisait en mars 2024 une journée « Créer, produire, diffuser à l’heure de l’intelligence artificielle » dont l’intitulé des conférences – « L’I.A. au service de l’écriture scénaristique » ou « Comment la production d’œuvres appréhende les opportunités de l’I.A. » - laisse deviner un accueil plutôt bienveillant de la technologie 43. Les comptes-rendus des débats au Centre National du Livre en 2023 s’interrogent sur la nécessité de « se pencher sur d’autres modèles plus libres que ChatGPT, car moins soumis à des impératifs commerciaux » mais ne semblent pas remettre en cause l’usage de l’intelligence artificielle dans l’écriture 44. L’affaire Ghibli changera peut-être la donne, mais le travers de ne considérer l’I.A. que comme un outil semble bien installé au sein des organisations professionnelles.

Du côté du instances gouvernementales, si le droit d’auteur fait partie des préoccupations affichées en façade, le discours majoritaire reste celui d’un investissement massif dans les technologies d’I.A. génératives 45. Au 11 avril 2025, soit deux semaines après le dévoilement par OpenAI de son nouveau générateur d’image, les seules communications du gouvernement concernant le droit d’auteur concernaient… un taxe éventuelle appliquée aux livres vendus d’occasion 46 !

L’indispensable décision du non-recours à l’I.A.

Face au pillage systémique des œuvres et à l’uberisation des artistes, la solution logique serait que l’ensemble de l’industrie créative n’ait simplement plus recours à l’intelligence artificielle générative, ne l’intègre pas dans sa démarche créative et en fasse, moins encore, un membre à part entière de ses équipes. Mais la machine semble lancée trop vite, être déjà arrivée trop loin, pour qu’un tel retrait soit envisageable. Et si les artistes ont réussi, à une autre époque, à faire front contre des pratiques qui étaient bien moins néfastes que le pillage organisé aujourd’hui par le monde l’I.A., il s’agissait alors de faire rentrer dans un cadre légal quelques créateurs et non pas des plateformes pesant plusieurs milliards de dollars et soutenues politiquement par l’une des premières puissances mondiales.

Car il est clair que l’intelligence artificielle générative n’a rien d’un outil neutre, ni d’un même d’un outil intelligent et créatif. Elle n’est qu’un programme informatique qui suit les instructions de ses créateurs et opérateurs : maximiser les profits des grands groupes de la Silicon Valley et s’appropriant gratuitement le travail d’autrui et en transformant les artistes en de simples ressources. Quitte à ce que ceux-ci disparaissent, avalés par un système sans autre talent que la capacité à imiter.

Deux ans et demi après l’intrusion de ChatGPT, peut-être serait-il temps que les industries créatives – agence, studios, organisations professionnelles, ceux-là même qui se vantent d’être vertueux, de soutenir la création et assurent avoir des équipes créatives « heureuses » – cessent d’épouser le discours et technophile ambiant. Qu’elles pensent pour une fois à leur écosystème créatif et à leurs talents plutôt qu’à cette hype de plus en plus malsaine qui gravite autour de l’I.A.

Et à protéger, tant qu’il est temps, leur créativité, leur métier, et leurs talents.


Illustration d'en-tête : René Magritte - La Trahison des Images (1928-9) / exposé au Los Angeles County Museum of Art


  1. DURAN Jean-Marie et al., I.A. : Qui pilote qui ?, Les Inrockuptibles, avril 2025, n°39, pp. 36-52. 

  2. Propos recueillis par Franck VERGEADE, Paradis Artificiels, Les Inrockuptibles, avril 2025, n°39, p. 48. 

  3. Propos recueillis par Franck VERGEADE, Paradis Artificiels, Les Inrockuptibles, avril 2025, n°39, p. 47 

  4. Propos recueillis par Franck VERGEADE, Paradis Artificiels, Les Inrockuptibles, avril 2025, n°39, p. 45 

  5. Propos recueillis par Vincent BRUNNER, Paradis Artificiels, Les Inrockuptibles, avril 2025, n°39, p. 51 

  6. Propos recueillis par Franck VERGEADE, Paradis Artificiels, Les Inrockuptibles, avril 2025, n°39, p. 45 

  7. "Necam - The Computer / Computer assisted mix down, manufactured by Neve of Royston
    DISCOGS, Steve Hackett – Please Don't Touch, Discogs, [Consulté le 13/04/2025], disponible à l'adresse : https://www.discogs.com/fr/release/9717028-Steve-Hackett-Please-Dont-Touch 

  8. WARD Megan, Victorian Fictions on Computational Creativity in : CAVE Stephen, DIHAL Kanta, DILLON Sarah et al., AI Narratives: A History of Imaginative Thinking about Intelligent Machines, Oxford University Press, Oxford, 2020, pp. 144-164 

  9. DURAN Jean-Marie, I.A. : Qui pilote qui ?, Les Inrockuptibles, avril 2025, n° 39, pp. 36-39 

  10. HARRAULT Amélie et LOISELEUX Valérie, Les aventuriers de l’art moderne, arte, 2015 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l'adresse : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-017949/les-aventuriers-de-l-art-moderne/ 

  11. JOLI Jessica, Pierre Raoul (HAVAS) : Be better with AI and better than AI, CB News [en ligne], 18 mars 2025 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l'adresse : https://www.cbnews.fr/digital/image-pierre-raoul-havas-be-better-with-ai-and-better-than-ai-91444 

  12. Propos recueillis par Gilles WYBO et Pascale CAUSSAT, « Les agents IA sont des membres de l’équipe à part entière », Stratégies, 20 mars 2025, n°2256, pp. 7-9. 

  13. Ibid. 

  14. WARD Megan, Victorian Fictions on Computational Creativity in : CAVE Stephen, DIHAL Kanta, DILLON Sarah et al., AI Narratives: A History of Imaginative Thinking about Intelligent Machines, Oxford University Press, Oxford, 2020, pp. 144-164. 

  15. GONÇALVES Bernardo, Lady Lovelace’s Objection: The Turing-Hartree Disputes over the Meaning of Digital Computers, 1946-1951 in : , IEEE Annals of the History of Computing (Volume: 46, Issue: 1, Jan.-March 2024), IEEE, octobre 2023, pp. 6-18. 

  16. The Analytical Engine has no pretentions whatever to originate anything. It can do whatever we know how to order it to perform.
    LOVELACE Ada, Translator’s note to Luigi Frederico Menabrea’s ‘Sketch of the Analytical Engine invented by Charles Babage’, in : Scientific Memoirs, R. Taylor, Ed., 1842, pp. 691-731. 

  17. Just a few sentences after her oft-quoted objection, Lovelace goes on to say that the analytical machine may not originate but that it does have the power to offer new perspectives by combining theories in new ways. Because the analytical engine has the power of ‘distributing and combining the truths and the formulae of analysis’ then ‘the relations and the nature of many subjects in that science are necessarily thrown into new lights, and more profoundly investigated’.
    WARD Megan, Victorian Fictions on Computational Creativity in : CAVE Stephen, DIHAL Kanta, DILLON Sarah et al., AI Narratives: A History of Imaginative Thinking about Intelligent Machines, Oxford University Press, Oxford, 2020, pp. 144-164? 

  18. TURING Alan, Computing machinery and intelligence, Mind, vol LIX, n° 236, 1950, pp. 433-460. 

  19. Propos recueillis par Carole BOINET, Paradis Artificiels, Les Inrockuptibles, avril 2025, n°39, p. 47. 

  20. ChatGPT may be able to write a speech or an essay or a sermon or an obituary but it cannot create a genuine song. It could perhaps in time create a song that is, on the surface, indistinguishable from an original, but it will always be a replication, a kind of burlesque.
    CAVE Nick, I asked Chat GPT to write a song in the style of Nick Cave and this is what it produced. What do you think?, The Red Hand Files [en ligne], janvier 2023 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.theredhandfiles.com/chat-gpt-what-do-you-think/ 

  21. "I strongly feel that this is an insult to life itself.
    Hayao Miyazaki's thoughts on an artificial intelligence, Manhattan Project for a Nuclear-Free World / Youtube, video publiée le 16 novembre 2016 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse https://www.youtube.com/watch?v=ngZ0K3lWKRc 

  22. En créant des images inspirées du Studio Ghibli, sans accord de licence, ChatGPT donne corps aux craintes des auteurs, franceinfo, 30 mars 2025 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/films-animation/en-creant-des-images-inspirees-du-studio-ghibli-sans-accord-de-licence-chatgpt-donne-corps-aux-craintes-des-auteurs_7160712.html 

  23. Intelligence artificielle : "C'est du même ordre que la révolution de la vapeur ou de l'électricité", ICI, 16 avril 2024 [Consulté le 13/04/2024], disponible à l’adresse : https://www.francebleu.fr/emissions/l-invite-du-6-9-de-france-bleu-lorraine-nord/intelligence-artificielle-c-est-du-meme-ordre-que-la-revolution-de-la-vapeur-ou-de-l-electricite-2598117 

  24. Portrait d’Edmond de Belamy, Wikipédia, [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/Portrait_d%27Edmond_de_Belamy 

  25. Propos recueillis par Franck VERGEADE, Paradis Artificiels, Les Inrockuptibles, avril 2025, n°39, p. 45. 

  26. AUBER Olivier, Intelligence Artificielle : l’inconscient retrouvé, Medium, 27 juin 2022 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://olivierauber.medium.com/intelligence-artificielle-2144d44cdd69 

  27. Olivier Auber — It is just art!
    Sam Schickler — We have limits on what is allowed on the platform now. I cancelled your subscription.
    Olivier Auber — But how do you imagine to constrain the people? If they write a prompt like I did they will get that kind of images.
    Sam Schickler — We tell them it isn’t allowed and warn/time out/ban them.
    Olivier Auber — Ok then I think most of the true artists will leave…”
    Ibid. 

  28. Open AI restreint les images inspirées du Studio Ghibli, qui font «fondre» les processeurs de ChatGPT, Libération, 30 mars 2025 [Consulté le 13/04/2O25], disponible à l’adresse : https://www.liberation.fr/international/amerique/open-ai-restreint-les-images-inspirees-du-studio-ghibli-qui-font-fondre-les-processeurs-de-chatgpt-20250330_FMQNNC4SPZHV3JMLIVL3A3BXIY/ 

  29. CHAN Kelvin, French publishers and authors sue Meta over copyright works used in AI training, AP News, 12 mars 2025 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://apnews.com/article/france-meta-artificial-intelligence-lawsuit-copyright-168b32059e70d0509b0a6ac407f37e8a 

  30. REISNER Alex, Search LibGen, the Pirated-Books Database That Meta Used to Train AI, The Atlantic, 20 mars 2025 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.theatlantic.com/technology/archive/2025/03/search-libgen-data-set/682094/ 

  31. BERGER Virginie, The AI Copyright Battle: Why OpenAI And Google Are Pushing For Fair Use, Forbes, 15 mars 2025 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.forbes.com/sites/virginieberger/2025/03/15/the-ai-copyright-battle-why-openai-and-google-are-pushing-for-fair-use/ 

  32. Propos recueillis par Bruno DERUISSEAU, Paradis Artificiels, Les Inrockuptibles, avril 2025, n°39, p. 43. 

  33. ESCALÉ Serge, L’IA générative continue d’impacter fortement le trafic sur Internet, ITSocial, 21 mars 2025 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://itsocial.fr/intelligence-artificielle/intelligence-artificielle-articles/lia-generative-continue-dimpacter-fortement-le-trafic-sur-internet/ 

  34. Échantillon (musique) / Questions juridiques, Wikipédia, [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chantillon_(musique)#Questions_juridiques 

  35. One More Time (Daft Punk song) / Sampling, Wikipédia, [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://en.wikipedia.org/wiki/One_More_Time_(Daft_Punk_song)#Sampling 

  36. ODOLA Octave, Documentaire sur DJ Mehdi : « Les Princes de la Ville », album mythique que personne ne peut écouter (ou presque), 20 Minutes, 17 septembre 2024 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/4110459-20240917-documentaire-dj-mehdi-princes-ville-album-mythique-personne-peut-ecouter-presque 

  37. Fermeture définitive de Napster, le pionnier du téléchargement en P2P, Le Monde, 2 décembre 2011 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/12/02/fermeture-definitive-de-napster-le-pionnier-du-telechargement-en-p2p_1612728_651865.html 

  38. Propos recueillis par Carole BOINET, Paradis Artificiels, Les Inrockuptibles, avril 2025, n°52, p. 45. 

  39. VULSER Nicole, Amazon confronté à une déferlante de « faux livres » générés par intelligence artificielle, Le Monde, 12 décembre 2023 [Consulté le 13/°4/2025], disponible à l’adresse : https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/12/12/amazon-confronte-a-une-deferlante-de-faux-livres-generes-par-intelligence-artificielle_6205444_3234.html 

  40. AUBIN Sophian, Grève des scénaristes : bientôt le remplacement par l’IA ?, France 24, 6 juin 2023 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20230806-gr%C3%A8ve-des-sc%C3%A9naristes-bient%C3%B4t-le-remplacement-par-l-ia 

  41. LELLOUCHE Nicolas, Jean-Jacques Goldman et 34 395 artistes signent une tribune sur les dangers de l’IA, 8 février 2025 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.numerama.com/tech/1900162-jean-jacques-goldman-et-34-395-artistes-signent-une-tribune-sur-les-dangers-de-lia.html 

  42. Conseil économique social et environnemental, IA : la voie citoyenne, Youtube, vidéo captée et publiée le 7 février 2025 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.youtube.com/live/L5MOb5vWGkA?si=l-1OLiJmDaMqdbuC&t=11565 

  43. CNC, Replay de la journée CNC « Créer, produire, diffuser à l’heure de l’intelligence artificielle », CNC, 28 mars 2024 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.cnc.fr/professionnels/actualites/journee-cnc---creer-produire-diffuser-a-lheure-de-lintelligence-artificielle_2134695 

  44. CNL, Retour sur la table ronde - Écrire à l'ère de l'intelligence artificielle, CNL, 11 septembre 2023 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://centrenationaldulivre.fr/actualites/retour-sur-la-table-ronde-ecrire-a-l-ere-de-l-intelligence-artificielle 

  45. IA : une nouvelle impulsion pour la stratégie nationale, info.gouv.fr, 6 février 2025 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.info.gouv.fr/actualite/ia-une-nouvelle-impulsion-pour-la-strategie-nationale 

  46. AFP, Livres d'occasion : les droits d'auteur devraient être prolongés, CB News, 11 avril 2025 [Consulté le 13/04/2025], disponible à l’adresse : https://www.cbnews.fr/cb/image-livres-occasion-droits-auteur-devraient-etre-prolonges-92126